Entreprise et Web 2.0: une question de contexte

Jane Hart du Centre for Learning and Performance Technologies a récemment posté sa Liste des 100 outils d’apprentissage version printemps 2008, basée sur les soumissions de 155 professionnels du e-learning.

Dans son analyse des 100 outils les plus populaires, elle nous offre une liste comparative des 10 outils les plus utilisés dans les domaines corporatifs et académiques. Voici le tableau comparatif :

 

 En milieu de travail  En milieu académique
 

  1. PowerPoint
  2. Audacity
  3. Articulate
  4. Moodle
  5. Snagit
  6. Captivate
  7. Slideshare
  8. Word
  9. Flash
  10. Camtasia
 

  1. YouTube
  2. flickr
  3. PowerPoint
  4. Wikispaces
  5. Slideshare
  6. Voicethread
  7. Audacity
  8. Moodle
  9. Ning
  10. Jing.

 

Il devient donc évident, à la lecture de ces deux listes, que la formation 2.0 est d’avantage utilisée en milieu académique alors qu’en entreprise on privilégie le bon vieux 1.0. Ainsi, la formation en entreprise serait conçue sur le modèle « push », serait plus structurée, laissant moins de latitude à l’apprenant, et offrirait peu d’interactivité. À l’opposé, la formation académique semble donner une plus grande importance aux échanges entre les apprenants.  

J’observe effectivement une tendance semblable dans mon milieu de travail. Mes tâches étant de développer de la formation pour les employés d’une université, je suis bien placé pour observer les deux mondes. En effet, du côté académique on favorise les outils 2.0 comme support à l’enseignement dispensé tant en classe qu’en ligne. De l’autre côté, quand vient le moment de former les employés, nous utilisons la bonne vielle méthode présentation-démonstration-exercice tant en classe qu’en ligne.

Quand on y pense, ceci est tout à fait logique. L’objectif du milieu académique, en particulier au niveau universitaire, est d’amener les étudiants à développer leur pensée critique de façon à faire évoluer leurs connaissances ainsi que la science. Pour ce faire, il est essentiel que les idées puissent être partagée et débattues. Le milieu académique est beaucoup plus concerné par l’avancement de la connaissance que par la rentabilité économique.

Par contre, la formation en entreprise vise à donner à un travailleur les connaissances minimales requises pour effectuer ses tâches. Il importe peu pour un employeur que son machiniste ou son commis aux pièces fassent avancer les connaissances dans leur domaine. Ce qui importe c’est qu’il opère sa machine ou qu’il serve la clientèle de manière efficace afin d’offrir une productivité optimale. Le milieu corporatif est plus concerné par la rentabilité que par l’avancement de la connaissance.

Pour un étudiant où un enseignant, passer des heures sur des blogs, des wikis et autres outils du Web 2.0 est un investissement puis que cela permet d’échanger des idées de façon à les faire évoluer résultant dans l’avancement de la connaissance et dans le rayonnement de l’établissement. Mais pour un employé, les heures passées sur le Web, soit-il 1.0 ou 2.0, est du temps qui n’est pas passé à produire et, en bout de ligne, cela représente, dans la plupart des cas, une perte pour l’employeur. Cela peut ne pas être vrai pour les entreprises du savoir, mais celles-ci ne sont pas si nombreuses.

De plus quand on sait qu’au Québec, 80% des travailleurs sont employés dans des PME et que plusieurs ont très peu d’employés, les échanges se font souvent de personne à personne. Pas besoin de Facebook ou autres réseaux sociaux pour se parler. Il faut aussi considérer que plusieurs entreprises puissent être réticentes à voir leurs employés échanger les « secrets » corporatifs sur Internet.

Je crois donc, que l’absence du Web 2.0 dans les entreprises est d’avantage une question de contexte qu’une question d’ignorance. Une entreprise n’est pas un établissement d’instruction mais un lieu de production dans lequel, le temps passé en apprentissage est du temps qui n'est pas passé en production.

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